Amanda Lear, culture populaire, disco, écriture, musique, peinture, Never Trust a Pretty Face, humour
Dans le grand théâtre de la culture populaire, rares sont les figures aussi insaisissables, aussi brillamment paradoxales qu'Amanda Lear. Icône disco malgré elle, muse de Dalí, chanteuse à la voix grave et à l'humour acide, autrice, peintre, performeuse : elle est tout cela à la fois, et bien plus encore. Ce livre n'est ni une biographie ni une hagiographie. Il se veut une relecture de son oeuvre comme un projet artistique total, où chaque médium — chanson, peinture, écriture, image publique — s'inscrit dans une même logique : celle d'un art de la métamorphose, de l'ironie et de la subversion.
Amanda Lear est souvent réduite à une silhouette blonde, provocante, reine des dancefloors des années 1970. Mais cette image, elle l'a construite, manipulée, retournée. « Si vous voulez qu'on parle de vous, il faut provoquer les gens », disait-elle dans une interview en 2023. Elle a fait du disco un masque, une armure, un terrain de jeu. Elle a écrit ses propres textes, en anglais, avec une plume acérée, pleine de doubles sens et de critiques sociales. Des chansons comme Follow Me ou Fashion Pack ne sont pas de simples tubes dansants : ce sont des satires, des récits, des manifestes déguisés.
Mais avant la musique, il y avait la peinture. Formée aux Beaux-Arts de Paris et au Saint Martins College of Art de Londres, elle a toujours revendiqué sa vocation première : « Je n'avais aucune intention d'être dans le showbiz. Je voulais juste être peintre. Se donner en spectacle et faire sans arrêt son intéressante, me fatigue ». La peinture est pour elle un espace de liberté, un lieu d'expression intime, loin des projecteurs. Elle y explore des thèmes récurrents : la vanité, le masque, le corps métamorphosé. Son oeuvre picturale, souvent ignorée, est pourtant essentielle pour comprendre la cohérence de son parcours artistique.
L'écriture est une autre facette de cette artiste polymorphe. Dans ses livres, elle joue avec son image, déconstruit les mythes, brouille les pistes. « Je ne suis pas celle que vous croyez », affirme-t-elle dans l'un de ses ouvrages. Elle y mêle souvenirs, réflexions, fictions, toujours avec cette distance ironique qui la caractérise. Son roman L'Immortelle est une méditation sur le temps, la féminité, la célébrité. Ses écrits sur Dalí, Mon Dali et Le Dali d'Amanda, offrent un regard unique sur le maître du surréalisme, entre admiration et lucidité.
Amanda Lear est aussi une performeuse, une actrice de sa propre vie. Elle a fait de son existence une oeuvre d'art, un spectacle permanent. « Je suis plutôt solitaire, sinistre, tristounette. C'est sur commande : vous voulez voir Amanda Lear ? Je vais vous faire Amanda Lear ! C'est un rôle que je joue », confiait-elle dans une interview . Elle maîtrise l'art du travestissement, de la mise en scène, du double jeu. Elle est à la fois sujet et objet, actrice et spectatrice, créatrice et créature.
Ce livre propose donc une exploration de l'univers d'Amanda Lear, en mettant en lumière la cohérence et la richesse de son oeuvre. Il s'agit de dépasser les clichés, de révéler la complexité d'une artiste qui a toujours refusé les étiquettes. Amanda Lear n'est pas une simple icône du disco : elle est une intellectuelle en talons aiguilles, une artiste totale, une femme libre.
En parcourant ces pages, le lecteur découvrira une Amanda Lear méconnue, profonde, engagée, toujours en mouvement. Une artiste qui a su transformer les contraintes en forces, les apparences en messages, la légèreté en profondeur. Une femme qui, loin d'être une muse, est une créatrice à part entière. C'est cette Amanda Lear que nous vous invitons à rencontrer.
[...] Elle y évoque ses débuts, ses amours, ses rumeurs, ses pertes, ses fureurs et ses renaissances avec un art très particulier de l'équilibre entre profondeur et désinvolture. Elle ne se livre pas : elle s'écrit. Son écriture, quel que soit le genre, reste profondément orale. On l'entend en la lisant. Elle a le sens du rythme, de la formule, de la phrase qui claque. C'est une écriture qui vient du corps autant que de l'esprit, pleine d'instinct et de précision. Une écriture sans prétention mais jamais sans fond. Elle mêle l'art de la comédie et la volonté de dire vrai. [...]
[...] Si l'on pense à Amanda Lear, c'est d'abord au disco que l'on pense, à ses chansons emblématiques, à ses performances flamboyantes. Cependant, son influence va bien au-delà de ce genre musical. Ce qui la distingue des autres figures du disco, c'est son côté intellectuel et son désir constant de se réinventer. Elle n'a jamais été une simple créatrice de tubes pour danser ; elle a insufflé une dimension artistique à sa musique. Ses paroles, parfois poétiques, souvent provocatrices, révèlent une pensée plus complexe que ce à quoi on pourrait s'attendre de la part d'une icône de la scène disco. [...]
[...] Elle est et restera une figure incontournable de la culture pop moderne, un modèle de réinvention et de courage créatif. [...]
[...] Sans maquillage. Sans public. Sans personnage. Amanda Lear n'a jamais cherché à exposer systématiquement ses ?uvres. Elle ne court pas les galeries. Elle peint chez elle, en Provence, à Saint-Rémy ou dans ses retraites italiennes, comme on médite ou comme on écrit un journal. Peindre, pour elle, ce n'est pas se montrer, c'est se retrouver. Dans cette pratique, elle reprend le contrôle sur l'image qu'elle a donnée, sur les masques qu'on lui a imposés. La peinture devient un espace d'identité, mais d'une identité mouvante, picturale, abstraite, jamais figée. [...]
[...] Aujourd'hui, Amanda Lear est plus qu'une simple figure du passé. Elle est un symbole vivant de la résistance contre les normes imposées par la société, un modèle de réinvention constante et de quête d'identité. Elle incarne l'esprit de l'époque postmoderne : celui d'un monde où l'art et la culture populaire ne cessent de se réinventer, de briser les codes et d'interroger le rôle de l'artiste dans la société. Dans un monde où l'image est omniprésente et manipulée à chaque instant, Amanda Lear nous rappelle que l'art est avant tout une question de liberté, de transformation et de mise en question des conventions. [...]
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