Introduction
La liberté est l’une des principales notions que les élèves étudient en philosophie, elle est également l’une des plus reprises par les différents auteurs. Être libre signifie agir librement, sans contraintes. La liberté est-elle cependant réelle ou ne serait-elle qu’une illusion ? Quel est le lien avec le domaine moral ? Si les individus ne sont pas vraiment libres, comment les accuser et les juger ?
Descartes, dans cet extrait, défend une conception plutôt immédiate de la liberté, les individus vivent cette liberté de manière directe, il n’y a pas besoin d’une démonstration pour en apporter la preuve.
Le fait de posséder une expérience dite subjective de la liberté est-elle suffisante pour admettre que l’homme est libre ?
Dans une première partie, nous parlerons de la liberté comme d’une évidence. Nous parlerons ensuite du fondement de la responsabilité morale. Pour finir, nous analyserons les limites de l’expérience.
La liberté, une évidence mise en avant par l’expérience
La liberté « sans preuve »
Dès la première phrase, Descartes affirme « Je pense que la liberté de notre volonté se connait sans preuve ». Il n’y a donc nul besoin de quelconques arguments ou d’une preuve pour savoir que l’homme est un être libre. Pour l’auteur, la liberté est immédiate, il s’agit d’un ressenti intérieur et non une démarche qui se voudrait douée de raison.
Cette conception de la liberté va s’opposer directement à certains courants, plus axés sur le scepticisme, comme les empiristes par exemple, qui affirment qu’il faut prouver cette liberté. Dans le cas qui nous intéresse, le fait de pouvoir faire ce que l’on veut est une preuve indéniable de notre liberté. Notre volonté est déterminée par elle même.
Une évidence supérieure aux autres
Descartes insiste « il n’y a rien que nous n’expérimentions plus évidemment ni plus parfaitement que cette liberté ». Cette affirmation est très forte. Les hommes font non seulement l’expérience de la liberté dans son sens le plus large, mais en plus, cette expérience-là est plus évidente que toutes les autres.
Elle est plus évidente que toutes les autres sensations, tout simplement parce qu’elle ne passe pas par les sens, elle est liée directement à la conscience de l’homme. Le sentiment de liberté à proprement parler est l’évidence la plus forte qui existe dans l’existence des individus.
Pour Descartes, il est impossible de douter de la conscience de soi. Il est possible de douter de tout un ensemble de choses dans la vie, mais pas de sa capacité à agir et à raisonner librement.
La liberté et la responsabilité morale
Liberté et moralité
Descartes conclut ainsi « cette liberté (…) est cause que nous pouvons principalement être loués ou blâmés ». Cela signifie que si les individus ne sont pas libres, ils ne peuvent pas être pénalisés moralement.
L’idée mise en avant est sommes toutes assez simple : pour qu’un individu mérite un châtiment, ou mérite d’être jugé, il doit avoir choisi librement son action. Il est impossible, selon cette idée, de punir un enfant qui agit sans comprendre ce qu’il fait ou un fou, car ils ne sont pas responsables de leurs actes. Le jugement moral est donc lié à la liberté de choisir.
La méritocratie et le lien avec la société
Il existe, selon Descartes, un lien entre la liberté et le fait de récompenser, féliciter ou punir quelqu’un. Il y a donc bien ici une vision de la liberté qui est liée à la méritocratie de l’éthique. Chaque individu est responsable de ce qu’il entreprend, et chacun mérite donc une récompense ou une punition selon la manière dont il décide d’agir.
Kant tend à penser de la même manière, puisqu’il affirme de son côté que l’homme moral doit être libre et inversement. La moralité ne s’impose pas d’elle-même; c’est l’homme qui la créé, par la manière dont il agit, par l’exercice de sa raison pratique. Kant définit l’autonomie comme la capacité de mettre en avant sa propre loi, en accord avec la moralité imposée par la société.
La liberté ne peut donc pas être considérée comme une évidence ; elle constitue le fondement de la dignité de l’homme, du respect et de la justice.
Les limites de l’expérience comme principe fondamental de la liberté
Une liberté illusoire ?
Dès lors, une autre problématique est susceptible de faire son apparition: le sentiment seul d’être libre est-il suffisant comme preuve de liberté ultime?
Il y a certains philosophes qui pensent que la liberté des individus n’est qu’une illusion. Spinoza est de cet avis, et contrairement à Descartes, affirme de son côté que « l’homme se croit libre parce qu’il a conscience de ses actions et est ignorant des causes qui le déterminent ».
Ainsi, nous aurions une simple illusion de liberté parce que nous n’avons qu’une vague idée de ce qui détermine notre environnement. La volonté de l’homme semble libre, mais dans la réalité, selon certains auteurs, elle serait déterminée par la seule nature.
Quelques années plus tard, c’est Freud, qui ira lui aussi dans ce sens, en établissant un lien entre liberté et inconscient.
Les limites de la liberté
En outre, il demeure important de nuancer la manière que nous avons de percevoir la liberté. Cela est toujours valable aujourd'hui, la question que l'on peut se poser et la suivante. Sommes-nous vraiment libres ?
Aujourd'hui, plus que jamais cette théorie est valable, puisque notre volonté peut être gêné d'une certaine manière par les contraintes social, éducation, le travail, mais aussi par des déterminismes biologiques, comme la maladie, le handicap ou encore par la pauvreté ou la précarité.
Somme toutes, nous aurions juste l'impression d'être libres, mais quoi qu'il en soit, cette liberté est atteinte par un certain nombre de facteurs.
Conclusion
La liberté est donc un sujet qui est relativement souvent employé en philosophie. Aujourd'hui, cette même philosophie propose des approches plus nuancées de cette notion de liberté. La liberté n'est plus absolue. Elle est contextuelle, elle est conditionnée par le quotidien des personnes.
Pour Descartes, la liberté est une notion qui est forte. Elle est évidente, elle est liée à l'expérience de l'humain et elle est la condition de la responsabilité morale de l’homme.
Toutefois, nous avons pu voir également que la liberté est un concept qui demeure très complexe.
https://www.kartable.fr/ressources/philosophie/theories/la-liberte-1/11432
https://shs.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2004-1-page-73?lang=fr