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La représentation de la figure maternelle dans la littérature

« Vénérez la maternité, le père n'est jamais qu'un hasard. », « L'amour est profondément égoïste, tandis que la maternité tend à multiplier nos sentiments. ». Ces citations sont respectivement de Friedrich Nietzche et Honoré de Balzac.

 La représentation de la figure maternelle dans la littérature

Crédit Photo : Élisabeth Louise Vigée le Brun, Madame Vigée le Brun et sa fille Jeanne-Lucie, dite Julie, 1786

Friedrich Nietzche est un philosophe, poète, écrivain allemand, né en 1844 en Prusse et décédé en 1900 à Weimar, en Allemagne. Honoré de Balzac est un écrivain français, né en 1799 à Tours et décédé en 1850 à Paris. Ces deux citations ont un point commun : elles abordent toutes les deux la question de la maternité, et par extension de la figure maternelle. Friedrich Nietzche et Honoré de Balzac étant tout deux des personnages de lettres, une problématique peut ainsi se poser. Comment la figure maternelle est-elle représentée dans la nature ? Nous allons diviser notre analyse en deux parties. La première d’entre elles analysera la place de la femme au sein de la littérature mondiale. Une seconde partie viendra quant à elle étudier les différents changements face à la maternité.

La place de la femme au sein de la littérature mondiale

La figure maternelle est notamment abordée par Eliette Abécassis. « Ecrire sur la maternité est une expérience paradoxale. Qui exige une mise en abîme : écrire sur la création, c’est un peu écrire sur l’écriture. Mais la maternité est une telle expérience de création qu’elle dépasse l’écriture, qu’elle l’enveloppe et la surplombe. Ensuite, un phénomène étrange se produit : on oublie très vite. Maintenant, quand j’y pense, j’y pense comme à un temps merveilleux, glorieux et doux alors que, rationnellement, je sais que ce n’était pas le cas. Intuitivement, et parce que j’en avais besoin pour mettre à distance l’énormité de ce qui était en train de se produire, j’ai procédé ainsi : j’ai écrit sur la maternité en la vivant, au jour le jour. Je me suis prise comme document. Je vivais l’évènement et j’écrivais. C’est la seule chose, je pense, qui m’ait permis de garder une trace. » (Abécassis, 2005b : 117-118). Comme l’auteure vient de l’écrire, la maternité et la figure maternelle sont toutes deux représentées au sein de la littérature. La citation que nous venons de retranscrire aborde la thématique de l’accouchement. Ainsi, cette expérience est hors du temps et hors de toute compréhension, à tel point que le cerveau oublie, se met en pause. L’accouchement, et la figure maternelle, sont le fondement de la vie, comme le soulève très justement l’auteure.
La maternité est depuis quelques années une thématique largement abordée, mais cela n’a pas toujours été le cas. En effet, pendant plusieurs décennies, la femme était réduite à sa fonction maternelle, et au rôle qu’elle devait jouer au sein du foyer : s’occuper du ménage, des enfants, de la cuisine. S’assurer que le foyer soit bien tenu et bien présenté, en toutes circonstances. S’assurer de la bonne éducation des enfants aussi. Les femmes devaient ainsi bien souvent choisir entre écrire, et donc avoir une activité professionnelle, et enfanter.
Malgré quelques exceptions, les femmes étaient dans les romans bien souvent réduites au silence, ou bien décédées. Les mères se retrouvaient ainsi plongées au second plan, occupant un rôle plus que mineur si ce n’est inexistant. Des théories très tranchées sur le sujet ont vu le jour. Ainsi, selon la doctrine de Jean Jacques Rousseau, les mères devaient s’effacer au profit de leurs proches. Cette théorie est une cause de l’effacement maternel au sein des écrits littéraires.
L’auteure Nancy Huston est à l’origine du terme « rommancière », paru la première fois en 1999. Une citation de Nancy Huston explique les deux opposés de l’image de la femme, qui sont restés très présents dans les esprits pendant de nombreuses années, « L’essentiel, l’éternel, le sempiternel, l’éminemment agaçant à mon sens, c’est la scission radicale des deux images du féminin : la maman et la putain. […] Aujourd’hui encore, il semblerait que nous tenions coûte que coûte (dans nos artefacts culturels sinon dans notre vie quotidienne) à garder étanche la paroi séparant les deux domaines. » (2004). Cette vision très binaire soulève la question d’un regard très manichéen : la femme ne peut pas, selon ces dires, être femme, mère, désirée et désirable.
A partir de 1980 cependant, le regard sur les femmes et les mères, notamment dans l’espace public, a commencé à changer. En effet, Ann E. Kaplan (1992), Marianne Hirsch (1989), Lori Saint-Martin (1999), sont des chercheures spécialisées dans la présence de la figure maternelle dans la littérature, et ont noté une présence plus accrue de la figure maternelle à travers la littérature.
A la suite de nombreux rebondissements, le Mouvement de Libération des Femmes, ou MLF,a vu le jour, à la suite des lois Neuwirth et Veil. Le dessein de ce mouvement féministe était d’améliorer les conditions de vie des femmes, et leur place dans la société. Toutes les difficultés auxquelles les mères et les femmes sont confrontées sont retranscrites à travers le personnage de « La femme gelée » d’Annie Ernaux « [L]e coup de la femme totale je suis tombée dedans, fière à la fin, de tout concilier, tenir à bout de bras la subsistance, un enfant et trois classes de français, gardienne au foyer et dispensatrice de savoir, supernana, pas qu’intellectuelle, bref harmonieuse » (Ernaux, 1981). Cette mutualisation des tâches et des exécutions de ces dernières semble faire éprouver une certaine fierté à Annie Ernaux et à son personnage. Une nouvelle fois, nous pouvons par le biais de cette citation mettre en avant les multiples tâches, et finalement les multiples vies parallèles, que les femmes sont en charge de mener : vie de femme, vie de mère, vie professionnelle, et vie de « putain » comme le mentionnait Nancy Huston quelques lignes plus haut.

Les changements face à la maternité

Seulement, « [m]ême les surfemmes dont on ne cesse de vanter l’assurance et l’endurance, en viennent à craquer, mais en cachette, devant quelques amies ou quelques rares élues qu’elles craignent, d’ailleurs de lasser » (Kristeva, 2007). Ainsi, malgré leurs dons pour mener de multiples vies de front, les femmes sont amenées à craquer, à avoir des coups de mou. En effet, les multiples rôles qu’elles endossent mènent bien souvent à un surmenage. La parution de cet ouvrage s’inscrit dans « la révolution silencieuse », nommée de la sorte par Elisabeth Badinter. En effet, cette révolution silencieuse s’inscrit dans la période entre 1980 et 2010, replaçant la féminité au centre de la vie des femmes, avant la maternité. A partir de cette triple décennie, les femmes ne sont plus rapprochées de la maternité systématiquement.
Seulement, ces nouvelles positions sont à prendre avec précaution et à nuancer. « Au demeurant, cette nouvelle liberté s’est révélée source d’une forme de contradiction. D’une part, elle a sensiblement modifié le statut de la maternité en impliquant des devoirs accrus à l’égard de l’enfant que l’on choisit de faire naître. De l’autre, mettant fin aux anciennes notions de destin et de nécessité naturelle, elle place au premier plan la notion d’épanouissement personnel. » (Badinter, 2010). En effet, la maternité est ici replacée comme étant un choix, ou non, réalisé par les femmes. Ainsi, les mère sont tenues de s’investir dans l’éducation de leurs enfants, tout en continuant de penser à leur propre personne et à leur féminité.
De nos jours, les femmes doivent également rester élégantes en toutes circonstances. La maternité étant désirée, il faut pouvoir prendre soin du corps de la femme enceinte, la mettre en valeur. En 2010, Badinter a d’ailleurs affirmé que « [l]es responsabilités maternelles commencent dès la conception de l’enfant. ». En effet, les femmes enceintes doivent faire attention à leur alimentation, ne plus prendre de tabac ou boire d’alcool. Les commentaires vont généralement bon train, bien que souvent issus de bons sentiments.

Pour conclure, nous pouvons dire que depuis de nombreuses décennies, l’image de la femme et l’instinct maternel sont souvent représentés au sein de la littérature. L’image de la femme et l’appropriation de son corps ont évolué. En effet, la femme était tout d’abord dans la presque obligation d’enfanter, sous peine d’être jugées. La femme endossait alors de multiples rôles : femme, mère, ménagère. L’activité professionnelle était bien souvent laissée de côté. Depuis les années 1980, l’image de la femme a évolué. La création d’un enfant devient alors un choix, laissé libre à chaque femme.


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