Désir, espoir, arts visuels, traitement du désir, séquence cinématographique, condition humaine, film d'horreur, peur, cinéma expressionniste, courant cinématographique
Les liens entre art et désir sont profonds et anciens. Ils nous ramènent aux premiers mythes, celui de Prométhée qui vole le feu aux Dieux pour le donner aux Hommes. Un feu qui fait entrer l'humanité dans l'ère du possible, celui de transformer le monde, de faire plier la nature à l'aide de la technologie. Avec le feu prométhéen, l'Homme n'est plus un animal animé par ses seuls instincts, il devient un être pensant, capable d'agir pour faire entrer ses désirs dans le champ du possible. Mais les Dieux se sont vengés : la femme, Pandore, fut conduite jusqu'à eux, belle à les faire chavirer de désir, porteuse de la boite dans laquelle ont été placés tous les maux du monde. Autant de désirs impossibles à atteindre (l'immortalité) ou toujours insatisfaits, qui amènent l'Humanité à mi-chemin entre espoir et désespoir.
[...] Un réalisateur comme Wes Craven en a fait sa spécialité. Rappelons l'excellent la colline à des yeux [1977], où la dimension horrifique est assez peu présente. Les scènes sanglantes sont rares, mais le réalisateur est en rupture avec la tradition précédente du genre, pendant la guerre froide en particulier, durant laquelle le « Mal » venait d'ailleurs : martiens, monstres de l'espace, insectes géants sortis des mers (Godzilla) ou du sous-sol. La société américaine, sanctuarisée, devait alors se défendre contre la menace extérieure. [...]
[...] Autant de désirs impossibles à atteindre (l'immortalité) ou toujours insatisfaits, qui amènent l'Humanité à mi-chemin entre espoir et désespoir. Finalement, depuis l'Antiquité, les artistes ne cessent de nous ramener à cette double proposition philosophique du désir : il est vu autant comme un bienfait, le désir donne du sens à la vie, que comme une source de malheur, nous ne nous satisfaisons jamais du plaisir de la jouissance de ce que nous avons désiré. Ce gout pour le désir nous entraîne vers l'excès dont il faut se méfier et qu'il faut s'attacher à limiter, car il est cause de douleur pour le corps et d'égarement pour l'âme, il nous écarte de la tranquillité d'esprit. [...]
[...] Il n'est pas un être poussé vers la pulsion. En ce sens, il se rapproche de l'animal : il se nourrit de sang pour survivre et non par plaisir. Mais il y a en lui le souvenir de son humanité passée : et le désir prend le pas sur Orlock. Il éprouve le désir d'aller ailleurs, en Allemagne dans le film, car il veut un sang plus appétissant. Orlok ne cherche plus à assurer sa survie : il veut jouir du plaisir de satisfaire son désir de sang en partant vivre dans un environnement où les proies seront plus nombreuses. [...]
[...] Au final, là est le message d'Epicure : une vie sans désir, si elle est possible, nous soustrait aux manques artificiels, et nous conduit à la plénitude et au bonheur. Une manière d'entrer dans l'univers mental du bouddhisme, qui se définit lui aussi comme un renoncement au désir. Existe-il une typologie des désirs, tels que nous pouvons les rencontrer dans le domaine des Arts ? Difficile tant ceux-ci sont nombreux, voire impossible à quantifier dans le monde contemporain où, sans cesse, nous en créons de nouveaux. [...]
[...] Monter ou descendre vers le chemin de la folie. Les barreaux figurent ceux de la prison mentale dans laquelle Orlock s'est enfermé : il est prisonnier de son désir. La suite établit la dimension sexuelle qui associe le désir de sang à celui de la chair. La main (griffe ?) d'Orlock suit la courbe du corps, comme une caresse intime (figure se rapproche du c?ur, qu'il vient serrer dans sa poigne (figure 4a) : le visage d'Ellen est alors pris par l'extase du plaisir. [...]
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