"Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?" Pierre Bayard

Résumé du document

Cet essai de Pierre Bayard se veut un manuel de « survie » du lecteur, ou plutôt du « non-lecteur » (nous verrons qu'il existe différentes manières de ne pas lire selon l'auteur), pour affronter diverses situations problématiques. Pour cela Pierre Bayard exprime plusieurs conseils. En effet, professeur de littérature française à l'Université de Paris VIII et psychanalyste, il se sent « bien placé » pour construire ce genre de théorie puisqu'il s'est lui-même retrouvé, selon ses propres confessions, dans des situations embarrassantes, devant répondre à une question de l'un de ses élèves, sur un livre qu'il n'avait pas lu.

Sa thèse tout à fait paradoxale cherche à désacraliser la lecture (il écrit d'ailleurs dans la toute première page qu'il n'avait « pas le temps de (s)'y consacrer »), en montrant qu'une différenciation nette entre lecteur et non-lecteur est impossible. Les deux idées qui priment dans son ouvrage sont pour le moins surprenantes dans notre société où l'acte de lecture est sacré. D'une part, il existe différents types de non-lecteurs, et on ne peut les ranger dans une seule et même catégorie homogène. D'autre part, il peut tout à fait y avoir une conversation palpitante au sujet d'un livre entre deux personnes qui n'ont pas, ne serait-ce qu'ouvert l'ouvrage qui anime leur discussion.

Extraits

[...] Mais la conversation restera insipide malgré tout (à moins de faire intervenir d'autres éléments, extérieurs à l'intrigue, ou au récit). Cela peut aussi sembler un peu trop freudien de dire que le livre est la prolongation du Moi intérieur. L'on dit souvent que les auteurs se servent de leurs expériences, de leurs lectures, et de leurs aventures pour écrire, tout cela est sans doute vrai. Néanmoins, aller jusqu'à parler de prolongation peut sembler exagéré. Ainsi, qu'écrirait le bibliothécaire de MUSIL puisqu'il n'a jamais rien lu, et ne possède qu'une vue d'ensemble des différents livres ? [...]

[...] Les idées préconçues, les a priori font le livre aussi bien que le vrai contenu. Cela fait penser aux multiples interprétations que peuvent se voir attribuer certaines œuvres. C'est notre désir de lecture qui forge le livre que nous lisons. Si pour un lecteur, Emma Bovary peut sembler une femme futile, faible et inintéressante, elle peut s'avérer à l'inverse, fascinante, et déterminée pour un autre. Pierre BAYARD se penche ensuite sur la situation (plus ou moins improbable selon le milieu fréquenté par le lecteur explique-t-il), dans laquelle le lecteur se trouve confronté à l'auteur. [...]

[...] En effet, chaque idée est illustrée par un exemple tiré des lectures (ou des non-lectures) de l'auteur. Cette fiche reprendra les mêmes axes que ceux choisis par l'auteur. Nous verrons tout d'abord les différentes manières d'être un non-lecteur, avant de nous intéresser aux situations pour lesquelles notre situation de non-lecteur est cruciale, et enfin, nous nous pencherons sur les conseils de l'auteur sur sa propre expérience en tant que non-lecteur. Il existe donc différentes manières de ne pas lire. Pierre BAYARD en énonce quatre. [...]

[...] Il existe ainsi des livres que l'on connait comme si on les avait lus même si ce n'est pas le cas. Ainsi, qui ne connait pas l'histoire tragique des amants Roméo et Juliette ? Et pourtant il est évident que tous ceux qui connaissent la trame n'ont pas lu l'œuvre de Shakespeare. Il y a un espace intime qui existe ; dans cet espace, nous sommes conscients de ne pas avoir lu tel ou tel livre. Pourtant dans certains cas, l'on arrive même à se convaincre que nous avons lu telle ou telle œuvre. [...]

[...] Comment parler des livres que l'on n'a pas lus Pierre Bayard Cet essai de Pierre BAYARD se veut un manuel de survie du lecteur, ou plutôt du non-lecteur (nous verrons qu'il existe différentes manières de ne pas lire selon l'auteur), pour affronter diverses situations problématiques. Pour cela Pierre BAYARD exprime plusieurs conseils. En effet, professeur de littérature française à l'Université de Paris VIII et psychanalyste, il se sent bien placé pour construire ce genre de théorie puisqu'il s'est lui-même retrouvé, selon ses propres confessions, dans des situations embarrassantes, devant répondre à une question de l'un de ses élèves, sur un livre qu'il n'avait pas lu. [...]